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Paula Attfield nous livre ses réflexions sur son mandat à la présidence d’AFP Canada

Leadership and Teams: Boards and Volunteers
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Paula Attfield

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Paula Attfield, présidente et directrice générale de Stephen Thomas Ltd, est membre de l’Association des professionnels en philanthropie (Association of Fundraising Professionnels, ou AFP) depuis de nombreuses années. Elle a été présidente du Congrès sur la collecte de fonds organisé par la section de l’AFP du Grand Toronto, a siégé au conseil d’administration de la section à titre de vice-présidente du marketing et des communications, et elle vient de terminer un mandat de deux ans comme présidente d’AFP Canada, une entité de l’AFP qu’elle a contribué à fonder.

Diriger une organisation nationale est un grand accomplissement pour quiconque. Vous, personnellement, comment vivez-vous cet accomplissement?

J’ai dans ma bibliothèque depuis des années un livre intitulé Face the Fear and Do It Anyway (qu’on pourrait traduire par « Faire face à la peur et agir quoi qu’il en soit »). Je ne sais même pas si je l’ai déjà lu, mais j’ai toujours pensé que c’est exactement ça qu’il faut faire. Je voulais aussi depuis longtemps consacrer mon temps, mon énergie et ma voix pour faire le bien, améliorer le secteur et, sur le plan personnel, avoir un effet positif sur les gens qui me côtoient. Cela dit, en tant qu’introvertie, rien de tout cela n’est particulièrement facile pour moi, des tas de craintes jalonnent mon parcours. Pour assumer des rôles de direction, j’ai dû travailler sans relâche pour reconnaître mes propres peurs et les surmonter. Chaque fois que je franchis une nouvelle barrière interne, je me sens mieux. J’ai également eu la chance d’avoir des mentors formidables qui m’ont encouragée à suivre cette voie. Présider le conseil d’administration d’une nouvelle organisation géniale a été une expérience incroyable, mais le véritable moment fort de mon mandat est sans contredit la rencontre de nouvelles personnes, toutes vouées à améliorer la profession.

Quels objectifs vous étiez-vous fixés au début de votre mandat?

Il y a deux ans, ça me semble si lointain, surtout en ces temps de COVID!

Lorsque j’ai accédé à la présidence d’AFP Canada, l’organisation elle-même n’avait pas encore deux années d’existence. Nous en étions encore à définir quel type d’entité professionnelle nous étions exactement. Une chose était claire dès le départ, toutefois – les plus de 3 000 membres de l’AFP répartis partout au Canada voulaient que nous soyons la voix bilingue de la profession au pays. Cette voix était inexistante jusque-là, du moins de manière officielle. Certes, il y avait le Conseil canadien, un groupe composé de bénévoles formidables, mais qui avait des ressources très limitées. Nous étions conscients à ce moment-là qu’il fallait accroître notre capacité pour accomplir le travail dont nos membres nous avaient chargés. Le renforcement des capacités figurait donc en tête de ma liste de priorités. Nous devions renforcer nos capacités afin de pouvoir faire notre travail de manière efficace, principalement dans le domaine des relations et des communications avec le gouvernement.

L’inégalité dans la distribution de la richesse et l’injustice raciale dont nous avons été témoins cette année (on pense à la pandémie et aux manifestations qui ont suivi le meurtre de George Floyd) ont-elles changé ces objectifs ou nui à votre capacité de les atteindre?

L’inégalité dans la distribution de la richesse et l’injustice raciale ont toujours existé, mais le meurtre de George Floyd et la pandémie de COVID‑19 ont ramené ces questions au cœur de l’actualité. Je crois que nous assistons à l’émergence d’un mouvement social qui apportera un changement positif et durable. À cette fin, nous devons continuer à renforcer les capacités d’AFP Canada afin d’avoir plus de ressources pour participer au changement dans notre secteur.

AFP Canada peut compter sur d’excellents partenaires dans son travail : la Fondation canadienne pour la philanthropie de l’AFP, les 21 sections canadiennes de l’AFP et AFP Global. C’est tout l’AFP qui s’est engagée à respecter les principes d’inclusion, de diversité, d’équité et d’accès (IDEA) dans la profession de collecte de fonds, dans le secteur philanthropique et dans l’ensemble de la société. L’AFP est partie prenante à de nombreux projets et partenariats liés à ces principes. Et bien sûr, au Canada, nous avons des défis qui nous sont propres. Il nous incombe en tant qu’organisation de contribuer à les mettre en lumière et à proposer des solutions.

Par ailleurs, j’espère que l’AFP saura trouver des solutions au problème de racisme systémique contre les Noirs et les Autochtones en œuvrant aux côtés d’autres organisations et personnes qui partagent les mêmes idées et qui sont engagées dans ces luttes depuis longtemps. On entend tellement d’histoires de professionnels en collecte de fonds qui sont victimes de racisme, de sexisme et autres « ismes »… on leur dit aujourd’hui qu’ils sont la preuve d’un secteur qu’il faut « réparer » et reconstruire à certains égards.

Grâce aux principes IDEA, nous voulons apprendre, grandir, offrir notre aide et prêter notre voix et nos ressources pour apporter des changements au sein de l’AFP. Ce ne sera pas facile, mais nous devons trouver une façon d’améliorer la situation.

D’après votre expérience, quelle est la différence entre occuper la présidence d’un conseil d’administration et siéger à titre de « simple » membre du C.A.?

Excellente question! En tant qu’administrateur, il peut être facile de passer inaperçu, de se fondre dans le décor. Ce n’est pas du tout le cas quand on occupe la présidence! Vous devez répondre aux questions difficiles concernant votre travail et vous recevez les félicitations. Cela dit, moi, personnellement, je n’aime pas particulièrement toute cette attention, mais cela a été un grand honneur de créer un espace de discussion et de collaboration et de proposer des idées pour améliorer l’AFP. J’ai vraiment aimé fournir le forum pour faire avancer notre travail. Que j’occupe la présidence ou non, ce qui me passionne d’abord et avant tout est la possibilité de travailler aux côtés des membres de l’AFP et de notre communauté pour continuer à défendre les professionnels en collecte de fonds. Après mon départ de la présidence d’AFP Canada, je continuerai à siéger à des comités et à redonner à un secteur qui me tient profondément à cœur.

Quels sont, selon vous, les grands défis et enjeux auxquels font face les professionnels en collecte de fonds aujourd’hui?

Je suis tentée de considérer la pandémie de COVID comme un enjeu temporaire, mais en réalité, ce n’est pas le cas. Cette crise a durement touché de nombreuses organisations, dans le domaine des arts et dans le secteur social services, mais aussi des organisations qui comptent depuis longtemps sur les fonds amassés lors d’événements en présentiel. Elles sont rares les organisations qui n’ont pas été touchées par la COVID.

Lorsqu’une organisation vit un tel stress, ça se répercute sur le personnel. En toute honnêteté, il sera primordial de veiller au bien-être mental du personnel de collecte de fonds. Comme l’a déclaré Ken Mayhew, le nouveau président d’AFP Canada, la collecte de fonds est un service essentiel. Sans financement, les organismes de bienfaisance et sans but lucratif ne peuvent pas exister. Les collecteurs de fonds sont donc des travailleurs essentiels. D’ici la fin de cette pandémie, nous allons devoir veiller à ce que les professionnels en collecte de fonds aient les ressources nécessaires pour préserver leur santé mentale et leur résilience. Tant de choses ont changé si rapidement… nous aurons tous à réfléchir à la façon de nous relever de cette crise et de relancer nos organisations en 2021.

Que retirez-vous le plus de votre expérience? Qu’est-ce qui vous a le plus marquée?

Je pense qu’il est vraiment important d’écouter et d’apprendre. J’ai beaucoup « fait » cette année, entre autres parce que notre travail de relations gouvernementales s’est intensifié en raison de la COVID. Plus spécifiquement, nous avons fait pression pour que le gouvernement soutienne le secteur, nous avons plaidé pour avoir voix au chapitre lorsque le gouvernement élaborera une nouvelle législation sur la protection des renseignements personnels et, enfin, nous avons essayé de faire entendre les préoccupations des professionnels en collecte de fonds et de faire en sorte que le gouvernement en tienne compte parmi tout le brouhaha collectif provoqué par la COVID. Pendant ce temps, notre comité des communications a publié du matériel vraiment intéressant et utile pour les professionnels en collecte de fonds canadiens inspiré de notre Discours pour la collecte de fonds au Canada, ainsi que des feuillets d’information médiatiques pour aborder la question des défis spécifiquement liés à la COVID.

J’ai également eu la chance de rencontrer des gens fantastiques, des personnes qui m’ont beaucoup appris. L’AFP offre un lieu de rencontre – quoique virtuel cette année – pour réunir toutes ces voix. C’est un groupe formidable et nous sommes toujours à la recherche de nouveaux membres issus de divers horizons. Si vous lisez ceci et que vous êtes tenté de vous joindre à nous, je serais vraiment ravie de m’entretenir avec vous!

Nous aimerions maintenant vous poser quelques questions auxquelles vous pouvez répondre en une ou deux phrases. Avez-vous un grand regret par rapport à votre mandat?

Je suis ma plus grande critique, mais je n’ai aucun regret. Je tire des enseignements qui m’aideront à faire mieux la prochaine fois.

Des leçons apprises?

Même les personnes introverties peuvent trouver leur place dans des postes de direction. Et ma couleur de peau, le blanc, m’a procuré des privilèges qui m’ont permis d’arriver là où je suis.

Des conseils pour votre successeur, Ken Mayhew?

Une des belles qualités de Ken est sa capacité de créer un environnement de collaboration. Je pense que s’il continue dans cette voie, il fera de l’excellent travail.

Une dernière question. L’année a été difficile pour beaucoup de personnes. Quel message de fin d’année aimeriez-vous transmettre aux membres de l’AFP?

Tenez bon. L’année 2020 nous a mis à l’épreuve. Je compatis avec les parents et collecteurs de fonds qui ont perdu leur emploi, avec les professionnels en collecte de fonds dont le travail les amène à œuvrer sur les premières lignes, avec ceux dont les organismes ont subi des baisses de revenus en raison de la COVID. Si vous avez la chance de ralentir le rythme un peu au cours des prochaines semaines, de profiter à tout le moins des jours fériés, prenez le temps de respirer et de retrouver les choses qui vous font plaisir.

Ayons l’espoir que l’année 2021 sera meilleure!

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