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Ken Mayhew témoigne de son mandat de président d’AFP Canada : « un peu d’activisme »

Leadership and Teams: Boards and Volunteers
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Ken Mayhew

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Ken Mayhew est sans doute un des professionnels en développement les plus connus au Canada. Il a œuvré pendant plus de 20 ans à titre de directeur principal du développement à la Société canadienne de la sclérose en plaques, où il a conçu et mis en œuvre des programmes de financement parmi les plus novateurs au pays. Depuis les 11 dernières années, il est président et directeur général de la William Osler Health System Foundation, qui soutient 1,3 million de personnes dans la région de Brampton et d’Etobicoke, en Ontario. Depuis le début de sa carrière, Ken s’implique activement auprès de l’AFP. Il a été président de la section du Grand Toronto et administrateur fondateur d’AFP Canada, où il a aussi présidé le comité des communications. Au cours des deux dernières années, il a servi comme président du conseil d’administration d’AFP Canada. À l’approche de la fin de son mandat, nous nous sommes entretenus avec Ken pour qu’il nous fasse part de ses observations en cette période de changements et de défis sans précédent.

Diriger une organisation nationale est un grand accomplissement pour quiconque. Vous, personnellement, comment vivez-vous cet accomplissement? Quelle a été la trajectoire de croissance pour vous, tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel?

Je suis reconnaissant envers les nombreuses personnes qui m’ont aidé dans ce qui a certainement été pour moi une pente abrupte. Comme nous en avions discuté au début de mon mandat, mon intention était de faire entendre la voix et de mobiliser l’expérience des membres de l’AFP, et j’ai fait de mon mieux pour y parvenir. Cela dit, je ne pouvais pas prévoir le contexte dans lequel j’allais exercer ce rôle – principalement en mode virtuel, durant des pandémies concurrentes et en vivant tant de changements et de pertes dans nos vies, dans nos communautés et dans notre secteur. Comme le dit si bien Leah Eustace, ACFRE, notre identité morale – notre essence même – a été ébranlée, et bien que personne ne sache ce qui nous attend, nous savons tous en revanche que nous ne sommes plus aujourd’hui tout à fait les mêmes qu’il y a deux ans. Grâce à la lecture, à la réflexion, à beaucoup d’écoute ainsi qu’à la patience et aux conseils de nombreuses personnes, j’ai le sentiment d’avoir évolué dans mon rôle à la tête d’AFP Canada.

Quels objectifs vous étiez-vous fixés au début de votre mandat, il y a deux ans?

Mes objectifs étaient de rehausser le profil et la crédibilité d’AFP Canada au sein et à l’extérieur de l’AFP. Pour ce faire, nous avions besoin d’une courte liste de priorités, qui a été dressée par les dirigeant.e.s de l’AFP et mise en œuvre par une communauté diversifiée de membres de tous les échelons hiérarchiques et de tous les horizons. À cet égard, je crois que nous avons réussi.

Les organisations de membres évoluent rapidement et nombre d’entre elles perdent de leur pertinence. La société de conseil McKinley Advisors note que les membres d’association n’adhèrent plus uniquement pour se sentir bien, mais qu’ils attendent quelque chose en retour, ils souhaitent que leur association prenne position – qu’elle fasse un peu d’activisme. Et même si nous devons en faire plus à l’avenir, je crois que nous avons tout de même fait un peu d’activisme (bien que de façon imparfaite) à un niveau sans précédent et que le nombre de membres de l’AFP et nos taux de rétention sont le reflet de notre pertinence. L’AFP au Canada (21 sections, la Fondation canadienne pour la philanthropie de l’AFP et AFP Canada) est un travail en cours et le sera toujours, mais notre part du total des membres d’AFP Global est passée de 8 % à 12 % au cours des deux dernières années.

Plus précisément, après un examen axé sur l’inclusion, la diversité, l’équité et l’accès, nous avons révisé le discours pour la collecte de fonds au Canada et le document La collecte de fonds, c’est génial!, et nous avons aussi préparé des réponses aux questions du secteur et des médias, y compris la réponse à un récent article de MoneySense faisant la promotion d’un classement des organismes de bienfaisance. Sur le plan sectoriel, nous avons établi des relations sans précédent avec d’autres organismes sans but lucratif et des représentants gouvernementaux élus d’un océan à l’autre. Nous nous sommes attaqués à des questions de financement inéquitable, à la question du contingent des versements et à des problèmes systémiques au sein même de notre secteur.

Estimez-vous avoir atteint vos objectifs?

En partie. Je pense que notre récente action en faveur d’un secrétariat pour le secteur de la bienfaisance au sein du gouvernement, au cours de laquelle de nombreuses rencontres ont été organisées par de nombreux membres des sections canadiennes avec des député.e.s, est quelque chose que nous n’aurions pas fait aussi efficacement il y a quelques années. La trousse à outils, la formation, l’organisation et le maintien du conseil stratégique sont des éléments qui nous ont permis de soutenir les dirigeant.e.s de l’AFP qui se sont joints à nous dans le cadre de ce travail. Et comme l’union fait la force, nous avons été beaucoup plus efficaces dans nos efforts de plaidoyer.

L’inégalité dans la distribution de la richesse, l’injustice raciale ainsi que le processus de vérité et de réconciliation avec les peuples autochtones ont-ils changé la façon dont percevez votre travail?

Profondément, et sur le plan personnel. L’an dernier, AFP Canada a fait un examen de conscience pour comprendre ce qu’elle représente et les domaines où nous devons agir davantage, par des actions concrètes plutôt que par de simples paroles. Beaucoup d’entre nous portions des œillères en ce qui a trait à la vérité et la réconciliation et aux éléments coloniaux de la profession de collecte de fonds. Je suis reconnaissant du travail extrêmement judicieux et attentionné mené par Jennifer Johnstone et Susan Storey, CFRE, et leur groupe de travail sur la vérité et la réconciliation, qui m’a également permis de grandir sur le plan personnel. En tant que conseil d’administration, nous avons élaboré une Politique en matière d’inclusion, de diversité, d’équité et d’accès (IDEA) pour nous assurer que nous respectons nos engagements en matière d’IDEA et de vérité et de réconciliation. Nous avons également élaboré des normes de conduite du conseil d’administration à titre de guide afin que toutes les voix se sentent bienvenues et entendues. Cela dit, j’ai encore beaucoup à apprendre et je reconnais que je jouis de nombreuses formes de privilèges non mérités, de sorte que j’essaie d’écouter plus et de parler moins.

Selon vous, quelle est la différence entre occuper la présidence d’un conseil d’administration et siéger à titre de « simple » membre du CA?

Occuper la présidence, c’est mettre la main à la pâte sans se mêler de tout. À AFP Canada, nous disposons de très peu de ressources humaines, alors par l’établissement d’objectifs et par des suivis réguliers, j’ai tenté d’orienter nos aspirations pour obtenir des résultats qui ont des avantages tangibles pour nos membres et notre secteur.

Quels sont, selon vous, les grands défis et enjeux auxquels font face les professionnel.le.s en collecte de fonds aujourd’hui?

Je pense beaucoup aux difficultés et défis auxquels les membres de l’AFP font face, tant au travail que dans leur vie personnelle et familiale. On ne peut pas maintenir la passion de faire la lumière sur les choses qui doivent changer sans prendre soin de soi. J’ai moi-même eu de la difficulté dans ce contexte, du fait que je travaille dans une des communautés les plus durement touchées par la pandémie au Canada.

L’usure de compassion, l’épuisement professionnel, le syndrome de l’imposteur, tout cela existe vraiment. C’est pourquoi il est important de prendre soin de soi. Je crois qu’ensemble, nous trouverons toujours le moyen d’accomplir le travail qui ne peut se faire sans la collecte de fonds.

Questions en rafale

Quel est le plus grand enseignement que vous retirez de cette expérience?

La sagesse, l’engagement et la passion de ses membres représentent la plus grande force de l’AFP. Mon séjour à la tête d’AFP Canada a été une occasion inspirante et stimulante de faire entendre la voix de nos membres.

Un regret au cours de votre mandat?

J’ai l’impression qu’à mon arrivée, mon expérience a fait en sorte que j’ai mis plus de temps que je ne l’aurais voulu à entendre ce qu’on me disait.

Une leçon apprise?

On peut accomplir des choses très difficiles sur une base collective de respect et de bienveillance.

Avez-vous un conseil pour la personne qui vous succédera?

Comme l’a dit Niambi Martin John lors d’un événement de l’AFP, et je vous en fais part avec sa permission : « Prenez l’engagement d’apprendre et de désapprendre simultanément. »

Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez dire aux membres de l’AFP?

Poursuivez vos efforts, continuez à provoquer le changement nécessaire au sein de notre secteur et dans la société en général, par votre travail, mais, plus important encore, par la manière dont vous l’accomplissez.

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